Un budget 2022 aux airs de campagne présidentielle pour la majorité

Le projet de loi de finances pour 2022 a été présenté ce mercredi.Le ministre de l’Economie a tenu à défendre l’action de l’exécutif dans le quinquennat.Il a également attaqué certaines propositions de candidats à la présidentielle.

C’est avec « enthousiasme » que Bruno Le Maire est venu présenter ce mercredi le projet de loi de finances (PLF) de 2022, le dernier du quinquennat d’Emmanuel Macron. Le ministre de l’Economie s’est montré offensif au moment de détailler les choix budgétaires de l’exécutif, n’hésitant pas à brocarder l’opposition de droite comme de gauche. De fait, son discours devant la presse avait un petit air de meeting politique, à moins d’un an de l’élection présidentielle.

« Les Français peuvent nous faire confiance, a-t-il lancé. Nous leur avons montré que nous savions tenir la barre en pleine tempête ». Le coronavirus a en effet bousculé les plans de l’exécutif, qui a dû abandonner certaines promesses, comme le retour à un budget à l’équilibre ou la suppression de 120.000 fonctionnaires. A la place, le « quoi qu’il en coûte » et ses milliards d’euros d’aide (chômage partiel, fonds de solidarité) initiés depuis un an et demi sont venus gonfler les déficits et porter la dette à 115 % de PIB.

Occuper le terrain

Pour Bruno Le Maire, cela en valait la peine. « Nous avons dépensé l’argent des Français à bon escient. La situation économique est meilleure que prévue au niveau national : nous prévoyons 6 % de croissance en 2021, 4 % en 2022. L’efficacité de la relance nous a permis d’avoir un taux de chômage inférieur à celui d’avant-crise. » Un satisfecit résumé par cette formule, répétée à plusieurs reprises : « Nous sommes des gestionnaires sérieux ».

Des gestionnaires, certes, mais aussi des hommes politiques qui ont un bilan à défendre… et une campagne à mener. Ainsi, lorsque le ministre de l’Economie présente « les choix de dépenses clairs » de l’exécutif pour 2022, il met l’accent sur le « réarmement régalien ». Les budgets de la Défense (+1,7 milliard d’euros), de l’Intérieur (+1,5 milliard d’euros) et de la Justice (+700 millions d’euros) sont effectivement en hausse. « Ce réarmement est attendu par les Français, qui veulent la sécurité et la justice » affirme Bruno Le Maire. Une manière d’occuper le terrain face à la droite et l’extrême droite.

« Mensonge »

De même, le ministre est revenu sur les critiques concernant les dépenses annoncées ces dernières semaines par Emmanuel Macron. Le président a annoncé, pêle-mêle, une meilleure indemnisation du chômage pour les travailleurs indépendants, un plan spécifique pour Marseille (estimé à 1,5 milliard d’euros) ou encore un élargissement du « revenu d’engagement pour les jeunes ». De quoi faire tiquer l’opposition, le député Charles de Courson dénonçant dans L’Obs « la politique de l’open bar ».

« J’entends que nous aurions, depuis le début de la rentrée, cramé la caisse ou sorti le chéquier. Mensonge ! » s’est récrié Bruno Le Maire. Avant de préciser : « Toutes les dépenses qui ont été annoncées, nous les avions anticipées depuis juillet ». Toutes… sauf le revenu d’engagement, dont le chiffrage reste encore inconnu à ce jour, et qui devra être précisé devant les parlementaires.

Loin de se cantonner à la défense de son budget, le ministre de l’Economie s’est enhardi, allant jusqu’à critiquer les promesses « farfelues » de plusieurs candidats à la présidentielle. La nationalisation des autoroutes (proposé par Arnaud Montebourg ou Marine Le Pen) ou encore le doublement du salaire des enseignants (idée apportée par Anne Hidalgo) ont ainsi été qualifiés de « n’importe quoi budgétaire ». Dans le cadre feutré de la présentation du PLF, la bataille des idées pour 2022 est bel et bien lancée.

Politique
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