PSG-OL : L’arrivée surprise de Jérôme Boateng peut-elle être le plus gros coup de l'histoire pour Lyon ?
C’est avec un son des rappeurs français Gradur et Franglish que Jérôme Boateng a officialisé, le 2 septembre, sa venue à l’OL sur ses réseaux sociaux. Difficile de trouver une touche finale plus improbable à l’arrivée la plus prestigieuse qui soit cet été en Ligue 1, PSG mis à part, cela va sans dire. Les supporters lyonnais, qui ironisaient sur les économies à tout va opérées par leur club cet été, n’en ont pas cru leurs yeux quand la folle rumeur de la signature de l’un des plus grands défenseurs de la planète sur les dix dernières années s’est concrétisée au bout du mercato.
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— Jérôme Boateng (@JeromeBoateng) September 2, 2021
Une question tourne depuis en boucle : comment l’OL, condamné à une deuxième saison de rang sans qualification en C1, a-t-il pu attirer cet international allemand au palmarès rivalisant presque avec tout le football français (deux Ligues des champions et une Coupe du monde) ? On peut même se demander s’il ne s’agit pas du plus gros coup de l’ère Aulas à Lyon, tant aucun joueur n’est arrivé avec un tel CV, même durant la période dorée des sept titres consécutifs en Ligue 1 dans les années 2000. La spécialité maison était en effet de faire de Lyon le sommet de la carrière de joueurs majeurs (Juninho, Cris, Coupet…) ou le tremplin (Essien, Abidal, Malouda…).
Boateng dans le rôle de « guide », comme Sonny Anderson jadis ?
« Le président n’a jamais été coutumier d’énormes dépenses pour de grands joueurs, confirme Christophe Delmotte, joueur lyonnais de 1997 à 2004. Plus que Giovane Elber [arrivé du Bayern en 2003], qui était plutôt sur la fin de sa carrière quand il est venu chez nous, l’arrivée la plus marquante à l’OL reste pour moi Sonny Anderson [ex-OM, AS Monaco et Barça, en 1999], un grand monsieur sur le terrain et dans la vie. Il nous a tout de suite tirés vers le haut, tout en se fondant dans le moule. C’était vraiment notre guide sur le terrain et il nous a bonifiés collectivement. C’est sécurisant d’avoir un tel joueur à ses côtés, et un Jérôme Boateng peut aussi apporter cela. »
Au sommet de son art, ça ne fait aucun doute. Mais à 33 ans et après quatre mois sans compétition, qu’en est-il ? On peut s’étonner de constater que Séville est le seul gros club européen à avoir vraiment cherché à recruter un tel joueur, pourtant libre de s’engager où il le souhaite depuis janvier dernier. L’explication la plus plausible ? Et si finalement, l’ex-taulier durant dix saisons au Bayern Munich (où il arrivait en fin de contrat), était cramé ?
« Il était simplement en fin de cycle avec le Bayern »
« Il a perdu en vitesse par rapport au joueur que j’ai vu débarquer à Hambourg à 19 ans, c’est une certitude, mais non, il n’est pas cramé du tout, confie l’ancien défenseur central ivoirien Guy Demel, toujours ami avec Jérôme Boateng. Il était simplement en fin de cycle avec le Bayern. Il se sent encore les jambes pour poursuivre au haut niveau et il voulait découvrir un autre championnat, donc c’est selon moi un très bon coup réalisé par l’OL. » Et ce surtout si on se fie à ses 39 matchs disputés avec le monstre allemand la saison passée, durant laquelle il a rarement semblé dépassé, malgré un positionnement très haut (et donc risqué) sur le terrain auquel tenait Hansi Flick.
« C’est un faux lent et croyez-moi, il est très dur à dribbler, estime Mickaël Tavares, qui a également été son coéquipier en 2009-2010 à Hambourg. Il a une palette tellement complète qu’il avait joué quelques matchs en tant que milieu défensif avec nous, ainsi que latéral des deux côtés. Car ce qui m’a surtout impressionné, c’est qu’il avait les deux pieds. »
« Il était comme programmé pour aller tout en haut »
Une caractéristique technique précieuse qui pousse Guy Demel à prédire une osmose entre les plans de Peter Bosz et le profil de son ex-partenaire (de 2007 à 2010) : « Jérôme est vraiment ambidextre, je l’ai toujours vu enchaîner des passes de 40 m du pied gauche sans le moindre problème. C’est quand même une sacrée force pour une équipe voulant produire du jeu d’avoir un tel relanceur derrière ». Dithyrambique au sujet de Jérôme Boateng, l’ancien international ivoirien n’a en rien été surpris par son changement de dimension en 2011, au sortir d’une saison difficile à Manchester City.
A Hambourg, on sentait déjà que Jérôme était très fort mentalement. Il était même comme programmé pour aller tout en haut. Aujourd’hui, avec son palmarès impressionnant, il peut apporter sa culture de la gagne à Lyon. Rien qu’au niveau médiatique, c’est une très bonne chose pour l’OL de recruter un tel joueur. »
« J’ose espérer que les dirigeants lyonnais étaient informés »
Cela semblait être une évidence jusqu’au 9 septembre et un procès pour violences conjugales face à son ex-compagne, la mère de ses deux filles jumelles de 10 ans. S’il a nié les faits datant de 2018, celui-ci a été reconnu coupable, par le tribunal de Munich, de coups et violences, et condamné à 1,8 million d’euros d’amende (il vient de faire appel). L’OL assure depuis qu’il n’était pas au courant de cette lourde procédure judiciaire, pour laquelle son nouveau joueur risquait jusqu’à cinq ans de prison.
« Ce n’était pourtant pas un secret, précise Guy Demel. Les journaux allemands parlaient souvent de ce procès. Là-bas, le nom de Jérôme Boateng dépasse clairement le cadre du football et les médias épient tous ses faits et gestes. J’ose espérer que les dirigeants lyonnais étaient informés de cela. » Malgré la communication avancée par l’OL, un agent français préférant rester anonyme ne doute pas un instant que Lyon était au courant. Selon lui, cette situation judiciaire a d’ailleurs pu « refroidir » l’intérêt de clubs ayant songé à recruter l’ancienne icône bavaroise.
Des retrouvailles avec Lionel Messi, dimanche au Parc des Princes
« Tous les clubs professionnels font désormais appel à un détective privé avant de signer un joueur, assure cet agent. Ils se disent qu’il vaut mieux lâcher 30.000 euros dans une enquête poussée que prendre le moindre risque sur la vie privée d’un joueur arrivant pour un investissement de plusieurs millions d’euros. Avant de faire signer un contrat à l’étranger à l’un de mes joueurs cet été, un club a même sorti devant nous trois classeurs remplis de tous ses messages postés sur les réseaux sociaux et des articles le concernant depuis le plus jeune âge, tous traduits. Ils le connaissaient mieux qu’il ne se connaît lui-même. Je suis donc persuadé qu’une clause avait été prévue sous seing privé entre l’OL et Boateng pour casser le contrat [de 2 ans] en cas de peine de prison pour le joueur. »
Ce dénouement judiciaire n’ayant pas eu lieu, Jérôme Boateng peut poursuivre sa carrière professionnelle à Lyon (il a cumulé 94 minutes de jeu en cinq jours entre les matchs contre Strasbourg et les Glasgow Rangers), et retrouver dimanche (21 heures) Lionel Messi au Parc des Princes. Le 6 mai 2015, un crochet foudroyant de l’Argentin, dans une demi-finale aller de Ligue des champions Barça-Bayern (3-0), avait valu au défenseur allemand un tourbillon de moqueries et de montages sur les réseaux sociaux.
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« Franchement, il en sourit quand on lui parle de cette action qui a évidemment fait le tour du monde, raconte Guy Demel. Ça ne l’a jamais troublé plus que ça car Jérôme a l’habitude d’essuyer les critiques et de bien les analyser. Les gens ne semblent par contre pas retenir qu’il a remporté d’autres matchs décisifs de C1 contre le Barça et Messi 4-0 et même 8-2. » A priori, on est à l’abri de pareille claque d’anthologie en faveur de l’OL dimanche.